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Qu’un peuple malheureux, proscrit, persécuté,
Disperserait au loin son errante industrie ;
Il faut à ses travaux le ciel de la patrie.
Fleuves, champs paternels, beaux vallons du Mont-d’Or,
Loin de vous, pour vous seuls, il garde ce trésor ;
Et le premier soleil, après de longs orages,
Reverra ses métiers enrichir vos rivages.
Tel, au penchant des monts, si d’un essaim mouvant
Le toit mal assuré cède à l’effort du vent,
Arrachée à l’abri de la ruche native,
Vous voyez l’habitante effarouchée, oisive,
D’une aile vagabonde errer dans la forêt,
Et de ses doux travaux oublier le secret ;
Mais qu’un bras vigilant relève son asile,
Soudain le peuple ailé reprend sa loi tranquille.
Portant de fleurs en fleurs un fructueux essor,
Dans la cire odorante il épanche à flots d’or
Un butin embaumé, pareil à l’ambroisie
Qu’inventa pour ses dieux l’antique Poésie.