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Tandis qu’ils opposaient, sans désarmer le sort,
L’union à la force et le courage au nombre,
On vit soixante fois le jour remplacer l’ombre !
Mais leurs toits s’écroulaient sous les feux dévorants ;
Mais la mort sans relâche éclaircissait leurs rangs :
Tout leur manque à la fois, et la faim menaçante
Soulève au milieu d’eux sa force pâlissante !
Le Rhône semble fuir de ces bords désolés.
Lui-même aux assiégeants, dans ses flots écoulés,
Il ouvre un gué facile, et son onde tarie,
Ainsi que la fortune, a trahi sa patrie.
Cédez, le ciel le veut ; cédez, tristes Français ;
Vous luttez vainement ; vos maux sont à l’excès :
Fuyez, allez chercher quelque lointain asile.
Lyon, de tes enfants une moitié s’exile !
Que dis-je ! cet exil, ils ne l’atteindront pas ;
Le meurtre et la vengeance ont volé sur leurs pas.
Cachez, ah ! cachez-moi cette fuite sanglante !…

Mais aux murs de Lyon, le deuil et l’épouvante,
Avec ses oppresseurs, sont entrés à la fois,
Et règnent avec eux au nom sacré des lois ;
Du sceau réprobateur ils marquent leur conquête.
Déjà, pour satisfaire à leur rage secrète,
Les murs trop lentement tombent sous le marteau,
Trop lentement s’abat l’homicide couteau.
Pour des forfaits plus prompts, la mèche est allumée,
Le canon part, répond à la mine enflammée,
La mort et la ruine à la fois ont frappé !
Leur espoir cette fois n’a pas été trompé ;
Sous les débris fumants de la ville qui croule,
Le sang en longs ruisseaux de toutes parts s’écoule,
Et le génie altier de l’antique Albion
Debout sur le détroit, l’œil fixé sur Lyon,
Se repaissant des maux où la France est en proie,
Trois fois trouble les airs par un long cri de joie !
Il n’est pas temps encor ! En vain tu t’es flatté