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En défendra l’abord. Plus calmes, au dedans,
S’assemblent des vieillards les bataillons prudents :
Ils surveillent sans bruit, nocturnes sentinelles,
Des ennemis cachés les trames criminelles ;
Et d’une habile main, l’intrépide ouvrier,
Loin du métier oisif, sert le bronze guerrier.
Dignes de tous, enfin, magnanimes, actives,
Les femmes, oubliant leurs faiblesses craintives,
Parcourent des blessés l’asile douloureux,
Et leur tendre pitié sait unir auprès d’eux
Au remède puissant une douce parole,
Au soin qui les soulage un mot qui les console.
Ce sont elles encor dont l’œil audacieux
Suit le globe enflammé qui traverse les deux,
Et, signalant au loin sa route flamboyante,
Dirigent par leurs cris la pompe prévoyante.
Celles-ci, qu’inspirait la vierge d’Orléans,
Écoutent de leurs cœurs les belliqueux élans,
S’arment ; et l’assiégeant, au milieu du carnage,
A méconnu leur sexe en voyant leur courage.
A la commune ardeur l’enfant même soumis,
Portait d’un faible bras les boulets ennemis.

Près du fleuve, la ville à sa perte exposée,
S’ébranlait sous les feux de la rive opposée.
Là d’hivers en hivers, lentement amassés,
Les fils de la forêt, de leurs troncs entassés,
Formaient un sûr rempart, où l’airain formidable,
Sans relâche, lançait la bombe infatigable.
Ce danger, dit Précy, doit cesser aujourd’hui :
Pour on noble projet il loi faut un appui ;
Déjà son œil le cherche et sa voix le réclame.
« Qui de vous, Lyonnais, ira porter la flamme,
Embraser ces chantiers si funestes pour vous,
Et montrer l’ennemi qu’ils cachent à nos coups ? »
On obéit trop vite. Un essai téméraire
De ses desseins secrets instruit son adversaire.