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Qui la sut conserver même aux jours de Tibère ;
Qui, paisible, mais fier, chérissait à la fois
Et son indépendance et le nom de ses rois ?
Naguère il accueillit, au même esprit fidèle,
Du pouvoir et des droits l’alliance nouvelle.
Mais au bruit des forfaits, ce peuple épouvanté,
S’étonna de frémir au nom de liberté,
Brisa ce nouveau joug, et d’une main hardie
Repoussa de son sein le meurtre, l’incendie,
Et flétrissant Chalier d’un juste châtiment,
Renversa de la mort le fatal instrument.
Lyon, voilà ton crime ! Un sénat sanguinaire
De son espoir déçu te promet le salaire.
Pour le rassasier et de pouvoir et d’or,
Que de sang a coulé ! que de sang coule encor,
Et ne doit s’arrêter qu’au jour où des supplices
Les témoins seront tous victimes ou complices !
A ses décrets de mort Lyon a résisté ;
Lyon, tu périras ! ton arrêt est porté.
Les tyrans, de soldats ravis à nos frontières
Ont dirigé vers toi les phalanges guerrières.
Des récits mensongers allument leur fureur,
Et d’une indigne cause on flétrit leur valeur,
Immolant au désir d’une aveugle vengeance
La gloire, l’intérêt, le salut de la France !
Quoi donc ! subirez-vous une homicide loi ?
Levez-vous, citoyens ! Lyon, réveille-toi !
Que des périls communs arment pour ta défense
Le riche et l’indigent, la vieillesse et l’enfance.
Des ennemis pour vous naissent de toutes parts ;
Levez-vous, levez-vous, courez à vos remparts !
Défendez vos foyers, vos épouses, vos mères ;
Citoyens, levez-vous, et que vos adversaires,
Surpris d’efforts si grands et de si lents succès,
Sentent que devant eux sont aussi des Français !
Cependant la jeunesse, en ardentes cohortes,
A la voix de Précy s’élançant vers les portes,