Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/36

Cette page n’a pas encore été corrigée

Versé par les mains de Pison.
Tremble, Pison, le châtiment s’apprête :
Ils sont courts tes honteux honneurs ;
Bientôt, pour apaiser d’importunes terreurs,
Un maître soupçonneux demandera ta tête.
Tel l’assassin épouvanté
Craint jusqu’aux instruments funèbres,
Ministres de sa cruauté,
Et seul, fuyant dans les ténèbres,
Brise son glaive ensanglanté.

Quelle est la nef aux flancs agiles
Qui sillonne l’azur des flots ?
Du sein de ses voiles mobiles
S’exilaient de plaintifs sanglots.
Hélas ! ce navire funeste,
Mais cher aux Romains attendris,
Du grand Germanicus porte tout ce qui reste :
Ses cendres, sa veuve et ses fils !

Peuple, cours au rivage ; et toi, belle Italie,
Reçois avec respect ces funèbres trésors !
Aux transports douloureux qui seuls Pont accueillie,
L’épouse du héros a reconnu tes bords.
Vainement de ses maux on voudrait la distraire,
Attirer ses regards vers la terre abaissés,
La soulager du poids de l’urne funéraire,
Ou du soin de ses fils autour d’elle pressés ;
L’intérêt puissant qu’elle inspire
Flatte son altière douleur,
Et la fierté qui sur son front respire
Semble l’orgueil de son malheur.

Déjà la cité souveraine
Ouvre ses immortels remparts ;
Restes d’un demi-dieu, déjà de toutes parts
S’élève à votre aspect une clameur soudaine.