Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/30

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ajoutent des rameaux au laurier de la France.

O royale demeure ! ô Louvre ! vieux palais
Qui de nos ateliers honores les bienfaits,
Puis-je, comptant leurs dons, sous tes voûtes antiques,
Redire tous les noms inscrits sur tes portiques ?
Honneur de mon pays, la justice entre vous,
Pour choisir à son gré, devrait vous nommer tous ;
Mais ma timide voix, qu’effraie un tel partage,
Offre à tous, dans un seul, un légitime hommage.

Il est un lieu célèbre, où le bronze imposant
Presse, royale image, un coursier bondissant
Souvenir de ce roi qui vit dans sa pairie
A la voix de Colbert accourir l’Industrie.
Là, des fils déliés et ravis aux toisons,
Pour les sexes divers, les diverses saisons,
S’assemblent avec art. Des chèvres voyageuses
Là s’ourdissent encor les dépouilles soyeuses :
Travail heureux, fécond, et qui sait retenir
Nos trésors, vers l’Asie empressés de courir.
Dans les murs élégans où son triomphe étale
Des bazars de Stamboul la pompe orientale,
Venez à votre tour, orgueilleux Musulmans,
Venez de schalls français entourer vos turbans ;
Et craignez que l’éclat de leurs brillantes laines
Ne se teigne de sang sous le fer des Hellènes ;
Laissez les doux objets vendus à vos plaisirs
S’emparer dans l’ennui des éternels loisirs,
Des tapis paresseux si chers à leur mollesse
Des duvets indiens l’ondoyante souplesse
D’un luxe accoutumé va parer leur beauté.
Et vous, filles du Gange et de la volupté,
Essaim aux pieds bruyans, agiles Bayadères,
Ces tissus vaporeux, ces écharpes légères,
Devraient autour de vous, frêle et brillant trésor,
Flotter en plis mouvons d’azur, de pourpre et d’or.