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Venez, et dites-nous quels travaux orgueilleux
Balancent de nos arts les produits merveilleux !
Parlez ; dans vos climats quelle active industrie
Peut surpasser, que dis-je ! égaler ma patrie ?
Qui de vous ne l’admire, et quel cœur si mal fait
Peut l’aborder sans joie ou la fuir sans regret ?
A ses festins souvent les nations rivales,
Buvant le long oubli de leurs terres natales,
S’écriaient : « Doux pays ! et le seul entre nous
« Qui, de tous invoqué, peut se passer de tous ! »

Et toi, fière Albion, sa constante ennemie,
De la France mourante épiant l’agonie,
D’un triomphe assuré l’orgueil enflait ton sein ;
Regarde, elle est debout, et le glaive à la main !

La lutte recommence, et, du Tage au Bosphore,
Nos agiles métiers te vont poursuivre encore ;
De leurs nombreux efforts vois-tu les nobles fruits ?
Par nos arts ranimés ces chefs-d’œuvre produits,
Les vois-tu ? De leurs dons la confuse richesse
Au Louvre enorgueilli se rassemble et se presse.
Là, ton œil étonné se repose à la fois
Sur l’argile du pauvre et la coupe des rois ;
Ici, nos Elzévirs ont fixé la pensée ;
Là, la marche du temps sur l’émail est tracée,
Plus loin l’art embellit de ses coûteux apprêts
Les marbres de nos monts, les bois de nos forêts.
Rival de Birmingham, notre acier étincelle.
Mais des villes voici la cohorte fidèle :
Nîmes l’antique, Amiens, la superbe Lyon,
Rouen et Saint-Quentin, émules d’Albion,
Valencienne, où le lin se joue en blancs nuages,
De nos prospérités offrent de nobles gages ;
Et leurs nombreuses sœurs, se tenant par la main,
De Bayonne à Calais, de l’Océan au Rhin,
De leurs travaux hardis, suivant la chaîne immense,