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LA LIBERTÉ, OU LE SERMENT DES TROIS SUISSES[1]


… Les peintres devraient chercher dans l’histoire des sujets de tableaux qui réuniraient à la fois la majesté de la morale à la grandeur de la nature… L’histoire des Suisses en fournit un sujet sublime. Le peintre représenterait les trois grands libérateurs de l’Helvétie, vêtus de leurs simples habits de paysans, assemblés secrètement dans un lieu désert, au bord d’un lac solitaire, et délibérant de la liberté de leur patrie au milieu des montagnes, des torrens, des forêts ; le silence de la nature les environne, et ils n’ont pour témoin de leur sainte union que le Dieu qui entassa ces Alpes glacées, et déroula ce firmament sur leur tête.

CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions.




 

Ils étaient là tous trois ! À travers les nuages,
La lune révélait sur leurs mâles visages
D’un héroïque espoir les présages vainqueurs :
Sous leurs habits grossiers battaient de nobles cœurs.
Un serment généreux sort de ces bouches pures,
Et l’écho menaçant, par l’écho répété,
Redit de monts en monts, avec de sourds murmures :
Liberté ! liberté !

On l’entendra, ce nom que la Suisse réclame,
Comme un céleste accord retentir d’âme en âme ;

  1. Le tableau qui a inspiré ces vers faisait partie de la galerie du duc d’Orléans, au Palais-Royal.