Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/172

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE PROLOGUE

Il était une fois un roi.

PERRAULT.

 
Où sont ces jours, ces jours au vol agile,
Que suit au loin le regard désolé,
Débris épars de mon trésor fragile,
Monceau de plume où le vent a soufflé ?
Ces jours pourtant n’étaient pas sans tristesse !
Mais l’espérance, et surtout la jeunesse,
Mêlent un baume à toutes nos douleurs ;
Notre âme alors, soumise à leur atteinte,
Comme l’enfant, bientôt charme sa plainte
En se berçant au branle de ses pleurs !

Où sont ces vers, ces vers frais et timides,
Entrés en scène au bruit d’échos flatteurs ?
Où sont ces mains, dont les bravos rapides
Encourageaient mes novices acteurs ?
Où sont ces noms, jeune et docte alliance,
Amis des arts, prêtres de la science,
Depuis surtout que des instants meilleurs
Ont à leur gré suivi nos jours sinistres ?
Préfets, hélas ! Députés ou Ministres.
A gauche, à droite, ils regardent ailleurs !

« Plainte ou regrets, toujours même langage !
Dira le monde. Est-ce donc que le temps
Ride l’esprit même avant le visage ! »
Ne lassons point le plus fier des sultans !
A son caprice, hélas ! tient notre vie :
Amusons-le ! malheur à qui l’ennuie !