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Lave tes pieds poudreux dans une onde tiédie ;
Reprends ta robe-fée, aux changeantes couleurs,
Tes joyaux de princesse et ton chapeau de fleurs.
Peut-être un ciel plus âpre et des sites plus rudes
Ont grossi les feuillets de tes cartons d’étude ;
Et de vulgaires chants, à ton oreille amers,
De quelques frais motifs ont rajeuni tes airs !...
Mais, hélas ! aujourd’hui la harpe est incomplète,
Et le temps a soufflé sur l’oisive palette !

Vainement j’appelle
Les mètres confus ;
Leur troupe infidèle
Fuit à tire-d’aile,
Murmure, se mêle,
Et n’obéit plus !
De même bourdonne
Un essaim mouvant ;
A flot monotone,
Ainsi tourbillonne
La feuille d’automne,
Qu’emporte le vent.

Oh ! comment réunir leurs tribus dispersées,
Ourdir, pour enchaîner les mobiles pensées,
Les sons et les couleurs ?
Comme les souples joncs, élégante merveille,
L’un à l’autre enlacés, se courbent en corbeille
Pour se remplir de fleurs !
 
Sylphe, à la langue choisie,
Ange, Muse, Esprit des vers,
Doux souffle de poésie,
Qu’as-tu fait de tes concerts ?
Le pauvre oiseau qu’on enchaîne,
Tirant son grain à la peine,
A ce métier perd la voix ;