Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/160

Cette page n’a pas encore été corrigée


 ***

Mais bientôt, saisissant la baguette magique,
Le poète inspiré mêle un chant fantastique
A ses mâles concerts.
Dans une nuit d’été, sur la plaine fleurie,
Comme un songe riant le peuple de féerie
Se joue au sein des airs.

Le laboureur dans son asile,
Oublieux du temps qui s’enfuit,
Dort, heureux qu’un sommeil tranquille
L’empêche de compter minuit ;
C’est l’heure où le feu sous la cendre
Brille et se ranime soudain ;
L’esprit follet, l’adroit Robin,
Sur le foyer vient de descendre.
La lune est voilée à demi ;
Le loup hurle dans les ténèbres :
Des vieux cimetières ami,
Le hibou sur les murs funèbres
Gémit ; à peine dans les airs
 
Glissent ses notes fugitives,
Les ombres s’échappent plaintives
Du sein des tombeaux entr’ouverts ;
Alors sur la grève des mers,
Dans les clairières du bois sombre,
Près des joncs qui bordent sans nombre
La rive des étangs déserts,
Le peuple aérien des fées,
Mystérieuses coryphées
’Des chants magiques de la nuit,
S’éveille et s’assemble sans bruit ;
Leur danse, inconnue aux profanes,
Dans ses rapides mouvements
Fait bientôt en plis diaphanes
Flotter leurs légers vêtements.