Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
L’ÉTOILE DE LA LYRE.


Lyre ! qui te rendra ta divine influence,
Et les magiques sons qui soumettaient nos cœurs ?
Ah ! ressaisis tes droits et répands sur la France
Tes antiques faveurs !

Oui, les fils glorieux de nos belles contrées
Rappelleront l’éclat de ton premier pouvoir :
Déjà le monde écoute, et les harpes sacrées
Vont bientôt s’émouvoir.

Entendez, entendez de la Lyre agrandie
D’innombrables accords s’élancer à la fois !
Les uns iront porter la vérité hardie
À l’oreille des Rois ;

D’autres, enfants heureux d’une terre adorée,
Réveilleront l’écho de ses jours glorieux,
Ou raviront pour elle, à la corde inspirée,
Des pleurs harmonieux.
 
Et vous, accords divins, accords dont le Prophète
Endormait dans Juda de royales fureurs,
Dans les cœurs agités apaisez la tempête
Des coupables erreurs.

Alors que mon pays, soumis à ta puissance,
Lyre, s’applaudira de tes hymnes touchants,
Moi, pensive, de loin, dans un joyeux silence,
J’écouterai ces chants.

Astre consolateur, ma voix faible et craintive
Ne se mêlera point à tes nobles concerts ;
Mais je laisse pour toi sa douceur fugitive
S’exhaler dans les airs.

J’attache un œil rêveur sur tes clartés mobiles,
Sur ce front lumineux, dans l’onde répété ;