Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/159

Cette page n’a pas encore été corrigée

Son lit comme il l’obtient.
Comme il peut la fortune,
Et le temps comme il vient.

LÉAR.
Bien, mon enfant ; marchons, car ma tète affaiblie
Craint de toucher ce point qui mène à la folie.
Suis-moi, pauvre garçon, viens !

LE FOU.
Si quelque beauté
S’enrhume cette nuit, elle l’a mérité…
Un moment ! je me sens en humeur de prédire…
Du prophète Merlin c’est l’esprit qui m’inspire !
Quand les prêtres étaleront
Moins de savoir que de paroles ;
Quand les brasseurs n’échangeront
Que de l’eau contre nos pistoles ;
Quand les nobles dirigeront
L’art du tailleur qui les habille ;
Quand les arrêts contenteront
L’intérêt de chaque famille ;
Quand les langues ne médiront
Que pour condamner le scandale ;
Quand les filous ne voleront
Que pour l’honneur de la morale ;
Quand les usuriers gagneront
Tout l’argent qu’ils destineront
A de pieuses entreprises ;
Quand les courtisanes iront
A confesse, et n’édifîront
Que des couvents et des églises ;
On Terra la confusion
Grande au royaume d’Albion ;
Et pour mieux en désigner l’âge,
Ces faits merveilleux adviendront
Au temps où, pour suivre l’usage,
Les gens sur deux pieds marcheront !