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Tu le sais ; et mon cœur mesurant les journées,
Oh ! qu’avant ton retour j’aurai compté d’années !

ROMEO.
Tout ce que peut l’amour, hélas ! je le promets.

JULIETTE.
Roméo ! Roméo ! si c’était pour jamais !
Crois-tu qu’un jour/du moins, le ciel nous réunisse ?
Le crois-tu ?

ROMÉO.
Je l’espère ! oui, dans ce temps propice
Nos maux ne seront plus qu’un faible souvenir,
Triste et doux entretien de nos jours à venir.

JULIETTE.
Et moi j’ai dans le cœur un funeste présage ;
Je ne sais quel prestige a pâli ton visage :
Au pied de ce balcon, maintenant descendu,
Tu me parais un mort dans sa tombe étendu !

ROMÉO.
C’est ainsi, cher amour, que vous frappez ma vue :
Le chagrin dévorant nous dessèche et nous tue !
Adieu, ma Juliette !

JULIETTE.
Adieu, chère âme, adieu !



Vous serez réunis, mais, hélas ! dans quel lieu !
Non, je ne veux point voir sous ces voûtes funèbres
La mort, à coups pressés, frapper dans les ténèbres,
Et le remords tardif, au pied de vos tombeaux,
D’une funeste haine éteindre les flambeaux.


Mais soudain l’éclair brille ; à sa pâle lumière,
Une pluie orageuse inonde la bruyère ;
Léar à leur fureur livre ses traits flétris,