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Ou mon partage est-il en ce commun lien,
De soutenir par fois un frivole entretien,
D’égayer vos repas, d’embellir votre couche ?
Dois-je enfin, étrangère à tout ce qui le touche,
De Brutus seulement amuser les loisirs ?
S’il ne me veut donner de part qu’à ses plaisirs,
S’il ne m’ouvre ses bras qu’en me fermant son âme,
Je suis sa concubine et ne suis point sa femme !
 
BRUTUS.
Vous êtes, Porcia, le premier de mes biens.

PORCIA.
Pourquoi donc vos secrets ne sont-ils pas les miens ?
Votre prudence est elle à ce point alarmée ?…
Je suis femme il est vrai, mais cette femme aimée
Que le noble Brutus honora de son nom,
Je suis femme il est vrai, mais fille de Caton !
M’osez-vous soupçonner d’un courage vulgaire,
Femme d’un tel époux et fille d’un tel père ?
Un fer tranchant qu’ici j’enfonçai de mes mains
Est garant de ma force à garder vos desseins :
Si j’ai, sans le trahir par un lâche murmure,
Caché, dix jours entiers, ce fer dans ma blessure,
Douterez vous encor, Brutus, me croirez-vous
Indigne de porter les secrets d’un époux ?…

BRUTUS.
Vous ? Dieux qui l’entendez, rendez-moi digne d’elle !
Oui, noble Porcia, bientôt ton sein fidèle
De ces tristes secrets va partager le poids ;
Apprends donc.. .Mais quel est ce bruit confus de voix’
On vient, accorde-moi quelques moments encore ;
Rentre, tu sauras tout !…



                                         Ce secret qu’elle implore
Sera trop tôt connu. Voyez ces fiers Romains,