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SHAKSPEARE


 
…. Nature might stand up
And say lo all the world : This was a man !
Shakspeare.

La nature pouvait se lever, et dire au monde entier : C’était
un homme !








Telle, aux regards surpris d’un jeune passager,
Jeté par le hasard sous un ciel étranger,
Où d’un monde inconnu l’aspect nouveau commence,
Apparaît tout à coup la cataracte immense.
Vaste et profond torrent, le fleuve impétueux
Précipite des monts ses flots tumultueux ;
Des arbres, des rochers, des fleurs de ses rivages
Il reflète en passant les fuyantes images :
Là, dans le gouffre ému d’un formidable bruit,
Il s’engloutit couvert d’une éternelle nuit,
Laissant à peine à l’œil qui le poursuit dans l’ombre
Mesurer la hauteur de sa colonne sombre ;
Et plus loin, la cascade aux caprices des vents,
Aux rayons du soleil, livrant ses plis mouvans,
Comme un voile argenté se déploie avec grâce ;
Un millier d’arcs-en-ciel se joue à sa surface ;
Et l’onde, aux feux du jour lançant des feux pareils,
Scintille, divisée en globules vermeils ;
Mais en touchant le but de sa chute rapide,
Ce n’est plus qu’un brouillard, dont l’épaisseur humide