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LA MENDIANTE


 
Jetez vos regards sur moi, et ayez compassion de moi, car je
suis seule et pauvre.
Ps. 22.








Le jour fuit, la nuit tombe, et ses ombres glacées
Ajoutent leur tristesse à mes tristes pensées !
Pour moi, tout est besoin, souffrance, isolement,
Mon feu s’éteint, mon corps languit sans aliment,
J’ai froid, j’ai faim. Pourtant du fond de mon asile
J’entends le bruit joyeux des plaisirs de la ville.
Dans ces jours de folie et de brillans loisirs,
Qui pourrait refuser à mes humbles désirs
Le pain qui soutiendrait ma débile existence !
Sortons, et des passans réclamons l’assistance :
Que du moins leur secours m’empêche d’expirer,
Si je puis me résoudre, hélas ! à l’implorer !...

Mon cœur bat, mes genoux fléchissent, et ma bouche
Craint de ne pas trouver un accent qui les touche !...
Madame !... ils passent tous... Monsieur !... Sur leur chemin
Vainement le malheur tend sa tremblante main :
A la pitié leur âme est à jamais fermée,
Ou ma voix à prier est mal accoutumée ;
Hélas !...
                       Quels doux concerts ! quels sons pleins de gaîté !