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LES DEUX POÈTES


 
Eh bien ! jeunes rivaux, que la lutte commence ;
Oui, chantez tour à tour.
VIRGILE, Églog., trad. de Firmin Didot.

La pièce suivante fait allusion aux Epîtres que se sont
adressées MM. de Lamartine et Casimir Delavigne.








J’aime à voir dans ces chants, nobles fils du génie,
Qu’enfantait immortels l’aveugle d’Ionie,
L’impétueux Ajax ceindre le fer d’Hector
Et parer le Troyen de son baudrier d’or ;
J’aime, après ces héros de l’antique épopée,
A voir nos paladins échanger leur épée,
Puis, vers des camps rivaux poursuivant leur chemin,
Se séparer amis et se presser la main ;
J’aime, aux jeux des pasteurs, la flûte du Ménale
Applaudissant les airs d’une flûte rivale ;
J’aime des luths unis l’harmonieux essor,
J’aime des sons divers le merveilleux accord ;
Mais surtout j’aime à voir, animés d’espérance,
Ces jeunes passagers, fils chéris de la France,
Qui d’un soin maternel protégeait leur départ,
Se saluer de loin du geste et du regard ;
J’aime à les voir tous deux des poétiques rives
Livrer aux flots changeans leurs barques fugitives,