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Je revois tour à tour la penchante colline
Dont l’invisible écho de ma voix enfantine
A répété les premiers airs ;
Cet enclos ombragé cher aux plaisirs rustiques ;
Et de ceux que j’aimais les ombres fantastiques
Peuplent encor ses bancs déserts.

Voici la blanche église et l’autel de Marie,
Et tous ces lieux alors chers à ma rêverie,
Où j’ai chanté, prié, souffert ;
Car mes beaux jours, hélas ! n’étaient pas sans nuage,
Et plus d’un sombre aspect, avec leur douce image,
A mon souvenir s’est offert.

Pourtant le cœur fidèle à ces jours d’espérance,
De leurs momens de joie et même de souffrance
Ne veut rien livrer à l’oubli :
Des maux qui ne sont plus l’amertume s’efface,
Et quand la main du temps en adoucit la trace,
Le malheur est presque embelli.

Ainsi, durant le cours d’un rapide voyage,
Chaque site en fuyant, ou fertile, ou sauvage,
D’attraits nouveaux semble paré ;
Et les monts qu’au matin on gravit avec peine,
Le soir charment nos yeux, quand la vapeur lointaine
Y jette son voile azuré.