Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/128

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ou que des premiers faits inscrits dans ta mémoire,
Attentif et tremblant, il écoute l’histoire,
Et s’étonne à ces maux, de son âge ignorés.
Dis-lui les Grecs trahis, tes proches massacrés,
Le Pacha dans tes murs, Psara livrée aux flammes,
Les prêtres, les vieillards, les enfans et les femmes
Jonchant le sol fumant de leurs sanglans débris,
Sous le fer des vainqueurs ; et devant Canaris
Leurs navires, chargés d’une livide proie,
Fuyant sur cette mer où s’engloutit leur joie !…
Sur ces mobiles fronts, dans ces regards pensifs,
Se peindra le reflet de tes récits naïfs.
Puisse dès ce moment leur jeune intelligence
Épouser ta querelle, adopter ta vengeance,
Avec elle grandir et couronner demain
Cette œuvre qu’aujourd’hui nous implorons en vain !
Espère, jeune Hellène ! à ton pays unie
Tu verras quelque jour la France rajeunie
Se lever tout entière à ta voix, et nos fils
Suivre au-delà des mers le fils de Canaris.