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On dirait que la France en sa morne apathie
Avec ta jeune ardeur n’a plus de sympathie :
Elle applaudit de loin aux droits que tu défends,
Comme une antique aïeule aux jeux de ses enfans ;
Impassible témoin de ta brûlante audace,
Des nobles passions elle a perdu la trace ;
Elle en parle aujourd’hui, mais elle n’y croit plus.
La Foi, la Liberté, ces mères des vertus,
Qui respirent encore au sein de tes murailles,
Chez elle ne sont plus que des mots éclatans,
Des étendards levés au milieu des batailles
Four rallier les combattans.
Mais parmi ces soldats, ennemis sans colère,
Engagés au hasard dans les deux camps rivaux,
Mille croisent le fer pour gagner leur salaire,
Bien peu mourraient pour leurs drapeaux.
Ceux-là même déjà par degré s’affaiblissent ;
Les noirs pressentimens dans leur âme se glissent ;
Leur nombre fatigué décroît, et chaque jour
L’inexorable mort les décime à son tour
Nous punis-tu, Seigneur, de notre indifférence ?
Il n’est plus qu’une seule, une noble espérance,
Elle combat encor pour les Grecs malheureux ;
Mais que dis-je ! peut-être elle expire avec eux ;
Grand Dieu ! s’il était vrai !…Foi ! Liberté ! Patrie !
Les Hellènes vaincus, votre cause est flétrie !
Dans quels lieux désormais vous chercher parmi nous ?
Qui donc, s’ils succombaient, s’immolerait pour vous ?
Ah ! ne trahissez pas leurs efforts magnanimes !
De leurs revers, hélas ! vous seriez les victimes !
Alors de nos dédains s’accroîtront vos soucis ;
Et comme ces beautés des fabuleux récits,
Qui mouraient du regret de n’être point aimées,
On vous verra languir lentement consumées ;
Loin de ce monde ingrat vos pas iront chercher
Un désert, un abri qui vous puisse cacher ;