Page:Tastu - Poésies complètes - 1858.djvu/124

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’ENFANT DE CANARIS


 
O mon oiseau dépaysé, oiseau chéri ! la terre étrangère jouit
de toi, et moi j’ai la douleur de ton absence.
Chant grec, trad. de Fauriel.

…. Toujours la France aima la Grèce.
N.-L. LEMERCIER.


Jeune oiseau voyageur, fils du vautour des mers
Qui d’une aile puissante, au milieu des orages,
A balaye les flots amers,
Que viens-tu chercher sur nos plages ?…
N’avais-tu pas sur tes rivages
L’éclat d’un soleil éternel,
De fraîches eaux, de beaux ombrages,
Et l’abri du nid paternel ?…
Mais, hélas ! sous l’azur d’un ciel toujours tranquille
Tu n’as foulé qu’un sol toujours ensanglanté
De l’effort douloureux et peut-être inutile
Que fait pour s’affranchir l’antique Liberté !
Et tu viens sur nos bords, enfant de l’Hellénie,
De tes doctes aïeux réclamer le génie ;
Quoi ! du legs qu’ils ont fait à la postérité
Leur berceau poétique est seul déshérité ?
L’esclavage et le temps ont banni de l’Attique
L’hymne de Sunium, les leçons du Portique ;
Mais aux trésors puisés dans ces divins écrits,
Est-ce à toi de prétendre, ô fils de Canaris !