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LA JEUNE MÈRE MOURANTE


 

Elle tomba ; le prêtre au sein d’un noir asile

Emporta, belle encor, la dépouille immobile.

H. DE LATOUCHE.






Des feux du soir l’horizon se colore ;
J’entends gronder un tonnerre lointain ;
L’air embrasé semble irriter encore
Ce mal brûlant qui dévore mon sein.
Un bruit, un mot, tout accroît mon martyre :
Époux, amis, éloignez-vous de moi ;
Que mon désir ne cause point d’effroi,
Seule un moment il faut que je respire.
Fuis avec eux, feinte sérénité,
Dont ma pitié rassurait leur tendresse,
Aux jours éteints de ma courte jeunesse
Je puis du moins donner en liberté
Ces pleurs furtifs que répand ma faiblesse.
En paix du moins je contemple ces lieux
Où se jouaient mes riantes années,
Et dont l’aspect, doux encore à mes yeux,
Me promettait tant d’heures fortunées.
Oui, c’en est fait, de son souffle mortel
Le dernier jour glace mon front livide ;
J’entends le bruit de son aile rapide,
Elle m’apporte un sommeil éternel.
Vous pleurerez, vous dont j’étais chérie ;