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Fils des dieux, qui de flatteries
Repaissez votre vanité,
Apprenez que la vérité
Ne s’entend que dans nos prairies

Grotte d’où sort ce clair ruisseau,
De mousse et de fleurs tapissée,
N’entretiens jamais ma pensée
Que du murmure de ton eau.

Bannissons la flatteuse idée
Des honneurs que m’avaient promis
Mon savoir-faire et mes amis,
Tous deux maintenant en fumée.

Je trouve ici tous les plaisirs
D’une condition commune ;
Avec l’état de ma fortune
Je mets de niveau mes désirs.

Ah ! quelle riante peinture
Chaque jour se montre à mes yeux
Des trésors dont la main des dieux
Se plaît d’enrichir la nature !

Quel plaisir de voir les troupeaux,
Quand le midi brûle l’herbette,
Rangés autour de la houlette,
Chercher le frais sous ces ormeaux,

Puis sur le soir à nos musettes
Ouïr répondre les coteaux,
Et retentir tous nos hameaux
De hautbois et de chansonnettes !

Mais, hélas ! ces paisibles jours
Coulent avec trop de vitesse ;