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LES LOUANGES DE LA VIE CHAMPÊTRE.


Désert, aimable solitude,
Séjour du calme et de la paix,
Asile où n’entrèrent jamais
Le tumulte et l’inquiétude,

Quoi ! j’aurai tant de fois chanté
Aux tendres accords de ma lyre
Tout ce qu’on souffre sous l’empire
De l’amour et de la beauté ;

Et, plein de la reconnaissance
De tous les biens que tu m’as faits,
Je laisserai dans le silence
Tes agrémens et tes bienfaits !

C’est toi qui me rends à moi-même ;
Tu calmes mon cœur agité ;
Et de ma seule oisiveté
Tu me fais un bonheur extrême.

Parmi ces bois et ces hameaux,
C’est là que je commence à vivre ;
Et j’empêcherai de m’y suivre
Le souvenir de tous mes maux.

Emplois, grandeurs tant désirées,
J’ai connu vos illusions ;
Je vis loin des préventions
Qui forgent vos chaînes dorées.

La cour ne peut plus m’éblouir :
Libre de son joug le plus rude,
J’ignore ici la servitude
De louer qui je dois haïr.