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attendu vos révélations pour nous accorder tout le plaisir que nous pouvons nous procurer, en usant libéralement des dons que nous devons au Créateur… Nous laissons notre conjoint à ses préférences que nous ne qualifierons pas… »

Je n’entendis pas la riposte du sorcier, j’avais à aller chercher mes plats à l’office… puis Piroli ne cessait de pleurer, en se frottant contre mes jambes ; elle m’invitait à aller voir ses petits qu’elle avait mis au monde dans l’après-midi.

Le soir, lorsque tout le monde fut parti, Piroli alla se plaindre près de son maître. « Ce n’est pas possible, me dit-il, il y a quelque chose d’anormal pour que cette petite pleure tant. » Nous la suivons, jusqu’au petit cabinet de travail décoré de Chinois, qui était devenu la demeure de Piroli et de ses enfants… Un de ses quatre nouveau-nés était mort et elle l’avait sorti de la corbeille. « Voilà, dit Monsieur, pourquoi vous êtes si désolée, ma petite chatte ! » Pendant qu’il la caresse, je fais disparaître le petit cadavre et Piroli reprend sa place dans la corbeille avec ses autres rejetons. Mon maître me dit : « Véritablement, il ne lui manque que la parole. » Je lui raconte alors qu’il ne m’avait pas fallu plus de deux ou trois jours pour lui apprendre à descendre matin et soir sur les bords de la Seine, où elle trouvait des herbes pour se rafraîchir et aussi quelquefois des sauterelles, dont elle était très friande…


Un jour, après son déjeuner M. de Maupassant me dit : « Je vais faire un tour dans l’île ; si on vient me demander, vous répondrez que je suis à Paris. »

Vers 3 heures, arrive M. L… : « Le patron est-il là ?… » Je lui réponds : « Non, Monsieur est allé se promener