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gothique, suit des yeux tous les mouvements de son maître, mécontente de le voir là où elle ne peut l’atteindre pour jouer avec lui.

M. de Maupassant s’occupe de faire composer les premières épreuves de son roman Mont-Oriol. En revenant d’une visite à son éditeur, il achète une superbe peau d’ours blanc, qui couvrait en partie le parquet du salon ; cela faisait très bon effet, donnait un peu de gaîté à cette pièce située au Nord, si monotone et si triste après le séjour du Midi.

Monsieur avait en ce moment pour médecin le docteur X… qui lui ordonna des bains de vapeur. On aménagea donc en bas une salle avec un grand fauteuil en osier et des couvertures de laine ; on recouvrait le tout d’un grand caoutchouc spécial. Ce traitement lui réussit très bien ; il prenait sa douche en sortant de son bain de vapeur et obtenait de très fortes réactions. Il en fut très satisfait.


Pour des êtres encore tout imprégnés du bon soleil du Midi, que nous venions de quitter, cet appartement, que mon maître avait pourtant si bien aménagé, semblait trop étroit, trop chaud, surtout trop peu aéré. Cette chambre, de trois mètres de côté, toute tendue d’étoffes et de tapisseries, recevait à peine de lumière et l’air ne s’y renouvelait que par la communication de la pièce voisine. Monsieur dormait mal dans cette taupinière. Une fois je me risquai à lui dire que nous serions mieux dans un cinquième avec un grand balcon, — mais je n’eus pas de succès. Pour le moment, il était tout à fait entiché d’un rez-de-chaussée.

Pour comble d’ennui, dans une cour voisine, il y avait des chiens qui aboyaient toute la nuit, et pour des