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Le jour venu, il a six invités ; le rendez-vous est pour 9 heures, afin de faire un tour le matin. À midi, retour à la ferme pour le déjeuner. Mon maître est venu me regarder faire l’omelette sur un feu de bois dans la grande cheminée garnie des ustensiles nécessaires à la cuisine. Tout est en fer forgé et brillant comme de l’argent. Tout bas, mon maître me disait : « Cela fait plaisir de voir une si belle cheminée, si bien garnie et si bien tenue. » Puis on se met à table, et l’omelette bourrée de champignons, de truffes d’un doré foncé, imprégnée d’un excellent beurre frais, relevée à peine, est servie. Tout le monde la trouve exquise et l’on proclame que le feu de bois est encore ce qu’il y a de plus pratique pour les choses qui demandent à être enlevées.

À une heure, les chasseurs reprennent la plaine. Il fait chaud, les petites cailles sont paresseuses, les perdreaux aussi, le tableau est très beau : cent quarante-trois pièces. Pour un territoire de chasse relativement restreint, c’était magnifique. Mon maître arrivait premier avec trente-sept pièces, M. Arraux avec vingt-trois… Monsieur est très content, il attribue son succès à son fusil et à son jeune Paff, qui s’est montré parfait, et aussi à la fabrication de ses cartouches, qu’il continuera de faire lui-même.

Un jour de chasse, vers la fin de septembre, le voiturier oublia de nous envoyer chercher. Il faisait encore plus chaud que d’ordinaire. Quand mon maître voit le soleil se coucher, il décide de revenir à pied à Étretat. Il me passe son fusil, nous nous mettons en marche au pas gymnastique, et, en vingt-cinq minutes, nous avions fait une route de cinq kilomètres. Mon maître, que cette promenade amusait, me disait : « Vous voyez, François, si un général pouvait obtenir une telle marche de ses