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coururent pour éteindre ce commencement d’incendie avec leurs pieds, mais ce n’était ni prudent ni pratique. J’y allai à mon tour avec un fort paillasson tout imbibé d’eau, et j’eus raison facilement du feu en foulant les herbes qui flambaient, avec cet instrument simple, mais tout à fait de circonstance. De retour au jardin, j’entendis M. le Dr Pouchet qui disait à mon maître : « C’est un débrouillard, votre François. » Mon maître lui répondit : « Oui, c’est un garçon de ressource, il n’est jamais embarrassé, non pas seulement pour éteindre les incendies, mais pour tout. »


Août. — La Guillette est entièrement occupée par des amis. La chaleur se fait de plus en plus sentir ; ce ne sont plus seulement les fraisiers qu’il faut rafraîchir, mais tous les arbustes, si l’on veut les conserver. Aussi tous les matins, de très bonne heure, le jardinier, sa femme, moi, et même Monsieur, qui s’en fait un amusement, nous arrosons ferme avant que le soleil n’arrive, et ainsi nous avons toujours de la verdure et de jolies fleurs.

L’après-midi, mon maître est toujours pris par ses invités. Un jour il les conduit au Casino, une autre fois sur la côte pour voir le Trou à l’homme, puis l’Aiguille, aussi la Chambre aux demoiselles. On revient par les bois Valois pour trouver un peu de fraîcheur, on visite aussi parfois la Fontaine aux mousses par l’Escalier du curé.


Cette année, la chasse ouvre quinze jours plus tôt que d’habitude. Mon maître n’en est pas fâché, il lui tarde d’essayer son nouveau fusil ; il a fait toutes ses cartouches lui-même, pour être sûr, dit-il, de ses doses de poudre et obtenir une régularité parfaite dans son tir.