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les caresses. Elle faisait des parties, jouant surtout avec les rideaux de perles ; cela durait quelquefois des heures et mon maître, sur sa chaise longue dans la serre, prenait grand plaisir à admirer cette charmante petite bête si gracieuse et si souple dans tous ses mouvements. Il s’attacha beaucoup à cette petite Piroli, qui le lui rendait bien. Aussitôt qu’il rentrait, elle ne le quittait plus.


La veille de Noël, mon maître me dit :

« J’aurai demain un dîner pour le réveillon… Mais le Jour de l’an, je dînerai en ville, car vous aurez assez à faire par ailleurs… Un de ces jours, vous prendrez une voiture dans laquelle vous mettrez deux grands paniers à linge ; puis vous irez aux petites baraques des boulevards où l’on trouve un assortiment de bibelots très amusants et nouveaux de l’art parisien ; vous achèterez plusieurs objets du même modèle, ce que vous trouverez de plus intéressant et de plus drôle. Surtout n’oubliez pas de prendre de ces diables barbus qui sautent dès qu’on tire le crochet de la boîte… Je vous dirai ce qu’il faudra en faire le Jour de l’an. »

L’avant-veille du Jour de l’an, je rentrais avec deux paniers remplis de tout ce que j’avais acheté aux petites baraques. Mon maître étala le tout, en fit un tri et, le lendemain, il en emplit plusieurs caisses, dont une fut beaucoup plus soignée que les autres ; il s’arrangea pour mettre sur le dessus toute une rangée de ces diables barbus qu’il m’avait particulièrement recommandés. Il avait auparavant pris soin de défaire les crochets, de sorte que c’était le couvercle de la caisse, qui les maintenait dans leur boîte. « Celle-ci, me dit-il, est pour Mme O… Vous la porterez au moment du déjeuner et