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ses ouvrages. Tous les jours il me rapportait quelque objet nouveau pour orner son appartement. Un soir en rentrant, il me remit un paquet : « Déballez-moi cela avec beaucoup de précaution, car ce sont des flacons à parfums en verre de Venise ; ils sont d’une grande valeur et très beaux. Ils feront bien mon affaire, car ils peuvent contenir chacun un litre. Comme j’en dépense beaucoup, il y en aura un pour l’eau de Cologne, un pour l’eau de toilette et, pour les deux autres, je verrai… »


Décembre. — Le froid commençait à se faire sentir, néanmoins mon maître ne manquait pas de prendre ses bains et sa douche tous les jours. L’eau était très froide, disait-il, et il en était très content, parce qu’il obtenait de bonnes réactions. Un jour que l’eau était encore plus froide que d’habitude, mon maître remonta très vivement, ayant encore sa grosse moustache tout inondée d’eau : « Elle est parfaite ainsi ! Vous donnez très bien la douche ; bientôt je vous prendrai pour un élève de Pascal, le célèbre doucheur. »

J’étais très heureux de voir Monsieur content et vite je le suivais pour lui donner une bonne friction à l’eau de Cologne, ensuite il se frictionnait lui-même au gant de crin.


« Voyez, François, me dit-il un jour, je pense que pour ce rez-de-chaussée, il serait bon d’avoir un chat, car il chasserait la vermine par sa présence ; il vaut mieux s’en préserver que d’avoir à s’en débarrasser. »

Quelques jours plus tard nous avions une petite chatte que mon maître baptisa du nom de Piroli ; en peu de temps elle devint très familière, aimant beaucoup