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« Monsieur de Maupassant, si vous ne m’aidez pas, il ne me reste qu’à me jeter à la mé, avec tous mes enfants, oui, à la mé ; je les attacherai et d’un coup tous à la mé ! » Vlan ! comme si c’était déjà fait. Mais je suis bien tranquille sur son sort de ce côté. »

À peine huit jours après, Monsieur m’appelle un soir, en me disant de voir qui s’avançait dans l’allée : c’était encore Marie Seize qui venait dire qu’elle n’avait plus de charbon et pas d’argent pour en acheter. Je fus avertir mon maître dans le salon. « C’est bien, donnez-lui dix francs », dit-il sans un mot de réflexion.


Octobre. — Les dernières pommes sont ramassées ; les feuilles des arbres tombent drues, il n’en reste plus beaucoup aux arbres, pour abriter Monsieur dans ses promenades matinales ; de plus, il est obligé de mettre ses bottines de chasse, tant la terre mouillée est lourde aux pieds. Mais un charme semble le retenir :

« C’est exquis, l’automne à la campagne ; me dit-il. Cet air vif qui emplit les poumons donne une sensation très agréable… Et puis c’est très poétique, la chute des feuilles, c’est même très intéressant ! Avant de quitter leurs attaches, elles prennent les teintes les plus variées. J’en ai remarqué qui ont passé par cinq et six couleurs ; celles des peupliers blancs sont particulièrement amusantes à suivre… »


26 octobre. — À 2 heures je porte sa pitance au coq et à sa dernière compagne, toutes les autres ayant passé par la casserole. Mon maître tourne autour de la mare, il me suit pour voir son coq manger ; il a une branche de fuschia à la main, et il me dit :

« J’ai fini Bel Ami, j’espère qu’il satisfera ceux qui