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lever, mon maître vérifiait tout le tour du carré normand.

L’appareil arriva, c’était une machine infernale, même très dangereuse à manier. Il fut placé derrière les cabanes en bois où couchaient les poules, on pensait qu’attiré par l’odeur, cet animal malfaisant viendrait se faire prendre.


Septembre. — « Pendant que j’y pense, m’ordonna M. de Maupassant, je voudrais que vous portiez, de temps à autre, un panier de poires aux dames de la poste, et aussi chez Mme C… C’est la fille d’Offenbach, le grand musicien. Ce n’est pas pour les poires, mais je sais qu’elle est très sensible aux attentions qu’on a pour elle… La perte de son frère lui a porté un coup très dur, elle en a éprouvé un grand et profond chagrin ; moi aussi, du reste, j’ai été très peiné de voir partir ce pauvre garçon, je l’aimais beaucoup, il était si bon, si franc camarade, et il n’avait que vingt-deux ans ! »


Le 12 septembre, mon fourneau de cuisine ne veut pas s’allumer, pour l’y décider, je lui administre quelques cuillerées de graisse, deux minutes plus tard le feu était à la cheminée. Mon maître en entendant les crépitements, vient me prévenir. Nous sortons dans le jardin et nous voyons les étincelles emportées par le vent : « Ce ne sera rien, me dit-il, mais il faut tout de même faire attention, car ma première maison, celle que j’avais avant celle-ci, a été consumée, et je n’ai jamais su comment le feu a pris. Il est vrai qu’elle était construite très légèrement et couverte en chaume. Nous jouions dans le jardin quand on s’aperçut que le feu était partout. Comme nous n’avions pas les moyens de nous rendre maîtres