Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/37

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’à 11 heures, ce qui permet à Monsieur de travailler toute la matinée. Après le déjeuner, il les emmène au bord de la mer ou à Saint-Jouin, chez la belle Ernestine.

Puis il donna quelques dîners et les soirées étaient très gaies. On jouait au mouchoir, souvent les nouveaux venus n’y comprenaient rien, mais il leur fallait bien s’y mettre, et, une fois lancés, ils s’amusaient beaucoup et riaient encore plus fort que les habitués. Ce jeu était sûrement celui qui plaisait le plus à mon maître.


Un matin je revenais des provisions, j’aperçois mon maître dans la prairie, entouré de toutes ses poules. Il m’appelle :

« Venez voir cet énorme trou dans la haie du champ, le treillage est relevé et au-dessous la terre est fouillée à une grande profondeur. Il n’y a pas de doute, c’est un renard. Il a senti la volaille, le gredin ! Mais, à nous deux !… Je vais dès aujourd’hui écrire à Paris, pour qu’on m’expédie par grande vitesse un piège à loup de première force. Je m’y connais et Cramoyson aussi ; ce ne sera pas long pour lui faire son affaire. »

Mon maître revenait avec moi du côté de la maison, les poules le suivant toujours, comme si elles avaient compris qu’il s’occupait de leur défense, il eut même de la peine à s’en débarrasser pour passer la petite grille de séparation entre le jardin et la prairie.

Quand Cramoyson arriva dans la journée, mon maître lui montra le trou, et le pria de remettre tout en état, de consolider le treillage en attendant l’arrivée de l’appareil.


Août. — Tous les jours, depuis cette alerte, dès son