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aurore boréale des plus imposantes. Mon maître m’emmène par le chemin qui contourne le jardin de Mme Littré. De là, on voit le phénomène dans toute son étendue, rien ne gêne le regard. M. de Maupassant semble heureux de vivre. « Jamais, dit-il, je n’ai vu pareille féerie dans le ciel, cela ne ressemble en rien aux aurores boréales d’un rose orangé que j’ai contemplées ailleurs. Voyez donc, c’est rouge sang ! » Et c’était vrai, le ciel était si rouge qu’on avait peine à le fixer pendant quelques minutes. Monsieur essaya de me faire comprendre comment se produisent ces météores lumineux composés d’une forte partie d’électricité et de fluide magnétique qui se trouve aux environs des pôles.


Le dernier jour de décembre, il me dit avoir mieux dormi que d’habitude. Quand il eut pris ses œufs et son thé, il me prévient qu’il avait un ami, M. Muterse, à déjeuner, et qu’il ferait sa toilette de bonne heure, pour aller prendre sa douche et être revenu avant l’arrivée de son invité. À midi et demi, on se met à table, mais Monsieur a mal à la tête et demande bientôt la permission de se retirer dans sa chambre, la conversation lui étant pénible.

Vers 3 heures, mon maître se trouve mieux ; nous allons ensemble du côté de la villa Bellevue. Nous passons chez Rose, la femme qui vient en journée à la maison, puis à la villa Continentale. Nous faisions une enquête sur un sujet qui touche à notre repos, nous recherchons quelle raison éloigne ou attire les moustiques. Ainsi, à la villa Continentale, nous étions littéralement dévorés par ces cousins peu aimables, et, ici, dans ce petit chalet que nous habitons, et qui fait partie du même quartier, pas un moustique.