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partons pour Toulouse, où nous descendons hôtel Tivollier, rue d’Alsace-Lorraine.

De bon matin, mon maître est à la fenêtre de sa chambre ; il regarde le ciel et me demande si je crois au beau temps pour la journée. Je lui réponds que cette région m’étant inconnue, je ne pouvais lui donner une appréciation ; mais que si j’étais dans les pays du Nord, je lui dirais qu’avec une matinée sèche sans rosée aucune, telle que nous l’avons, et les fumées et brumes résorbées par le soleil levant, c’est le plus souvent de la pluie pour l’après-midi.

Mon maître me demanda alors si j’avais visité le Capitole. Je lui répondis négativement, et j’ajoutai : « Je ne sais pourquoi, mais les gens et les choses de ce pays-ci me déplaisent. Peut-être, ajoutai-je, est-ce parce que, dans ma première jeunesse, j’ai eu à supporter pendant trois années le voisinage d’un Toulousain, hâbleur à un tel point qu’il me donnait sur les nerfs ? »

Mon maître dort mal dans cet hôtel, où il y a trop de moustiquaires, de rideaux et de draperies. Aussi, malgré la grande chaleur, il voyage toute une journée pour arriver à Bagnères-de-Luchon, où il pense qu’il vaut mieux s’installer dans un appartement pour le temps de sa cure. Je lui demande alors s’il ne serait pas préférable d’attendre un peu, pour voir si le climat lui conviendra. « En effet, me répond-il, je crois que vous avez raison ; il sera plus sage de voir si le traitement me convient aussi. »

Pendant trois jours, nous faisons des excursions, nous visitons les cascades de Juzet, de Montauban, puis la vallée du Lys et la cascade du Cœur ! Mon maître trouve la réunion de ces noms heureux et en rit sous cape, tout en ajoutant quelques réflexions spirituelles de