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cercle vert taché de blanc, avec sa vieille tour carrée tout effritée plantée sur le mont Chevalier, grise avec des plaques rouges luisantes, d’un aspect très triste, telle que l’ont faite les siècles passés et le mistral qui vient mourir à ses pieds, alors on vire vers la haute mer pour revenir jeter l’ancre dans la cité de Masséna.

Aujourd’hui, pendant la sortie. Monsieur me laisse l’honneur de la barre pendant longtemps. C’est qu’il finit une chronique intitulée Un Empereur pour le Figaro. Qui aurait pensé alors, en le voyant encore si alerte à la besogne, que c’était la dernière chronique qu’il écrivait pour ce journal, car c’est sans peine apparente qu’il met debout cette courte nouvelle ! À partir de ce moment il laisse de côté l’Âme étrangère et ne travaille plus qu’à un ouvrage unique, son Angelus.

Une nuit d’avril, il m’appelle, il est souffrant, et il ne veut pas que je le quitte une minute. Aussi c’est sur sa lampe à esprit de vin, dans sa chambre, que je lui fais une tasse de camomille. Le soleil à son lever me trouve encore près de lui. Pourtant, le matin, il se sent mieux ; ce malaise a disparu et notre journée se passe au grand air, comme d’habitude. Le soir, il me dit qu’il fait chaud et que je peux tout disposer pour notre prochain retour à Paris ; quelques jours après, il fait ses adieux à sa mère et nous prenons le rapide du soir pour Paris.


Pendant les six semaines que nous venons de passer à Paris, mon maître a été on ne peut plus raisonnable, réglant son temps pour soigner sa santé, sans déroger un jour à sa nouvelle règle de vie. Aussi il va mieux, il a même repris un peu d’embonpoint ; sa figure surtout est meilleure. C’est alors qu’il donne un déjeuner à MM. Coquelin, de la Comédie-Française. « Je pense, me