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de son salon est ouverte et il regarde passer un régiment de cavalerie sur les quais qui longent l’Arno, du côté opposé. Ces cavaliers tout chamarrés jouent des instruments qui donnent des sons mélodieux et très doux, ce qui fait dire à mon maître : « La musique de ce régiment me fait penser à un instrument que l’on mettait en mouvement autrefois chez mon grand-père pour entraîner les oiseaux à chanter. » Il me lut alors un passage d’une lettre de sa mère, qui lui disait de voir la vieille église de San-Paolo, qui était fort intéressante.

Sitôt après le déjeuner, nous partîmes à la recherche de cette église. Nous ne fûmes pas longtemps à la découvrir. Cette église conserve les drapeaux et trophées pris à l’ennemi sur le champ de bataille. Elles sont nombreuses, ces glorieuses reliques qui pendent là en loques et n’ayant plus de couleurs.

Un bedeau nous accompagne sous la voûte de ce monument et nous explique la provenance de tous ces drapeaux, ce qui fit faire à mon maître la réflexion suivante : « C’est très joli ce qu’il nous raconte là, mais ce qui l’est moins, c’est le nombre d’existences humaines qu’ont dû coûter tous ces chiffons et qui auraient pu être utiles à leur pays autrement qu’en se sacrifiant dans ces guerres qui ne servent à rien qu’à faire du mal à tout le monde. Moi, reprit-il très haut dans cette église, je suis absolument l’ennemi de la guerre ! » Et je pensais que mon maître avait bien raison.

Quand nous fûmes sortis de ce panthéon de choses sacrées, mon maître me parla longuement de la valeur des peuples qui avaient vécu sur ce sol au climat magnifique et si agréable.


En revenant de Florence, nous avons séjourné quel-