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ceux qui devaient coucher à cette dernière adresse échouèrent à Latour-Maubourg.

Ce ne fut que le lendemain matin qu’ils s’aperçurent qu’il y avait eu erreur.


Un matin de la fin de mai, M. de Maupassant m’emmène à Triel ; il s’agit de choisir une villa pour y passer une partie de l’été. Mon maître voulait quitter Paris, sans trop s’en éloigner cependant, pour le cas où il désirerait faire un tour à l’Exposition.

C’est tout à l’extrémité de Triel, près de Vaux, que Monsieur trouve son affaire. La villa est enfouie dans les arbres et fait face à la Seine ; un des côtés de la maison est en bordure du chemin de halage.

Nous revenons en suivant la rivière jusqu’au pont de péage qui relie Triel à Vernouillet, où se trouve la gare du chemin de fer. Mon maître ne voulait pas revenir tout de suite à Paris ; les rives du fleuve, déjà toutes fleuries, le retenaient. Il choisit une de ces tonnelles de restaurant d’où la vue domine la rivière au loin, et là, on nous servit à déjeuner…

M. de Maupassant était assis, le regard tourné vers le pont ; il voyait la Seine couler à perte de vue, jusqu’aux îles de Meulan. Sur la rive opposée, de distance en distance, des bouquets de grands arbres miraient leurs hautes silhouettes dans l’eau fugitive et y faisaient de grandes taches sombres.

Monsieur regardait tous ces détails avec une attention passionnée ; on eût dit qu’il les flairait aussi, car on voyait palpiter les ailes de son nez et son front se plisser dans l’effort de son observation. Tout son être était pris par la contemplation du paysage. Un imperceptible