Page:Tassart - Souvenirs sur Guy de Maupassant, 1911.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de fer. Puis, son éditeur actuel a plus de rayonnement commercial que l’ancien.

Le jour de la mise en vente, mon maître se rend à la maison d’édition pour signer les dédicaces sur les exemplaires d’amis.

« Le nombre en est considérable, me dit-il, et la variété des dédicaces aussi. J’aime mieux faire tout ce travail sur place et aussi envoyer les volumes directement par l’intermédiaire de la maison, sauf pour quelques intimes, qui reçoivent des papiers Hollande et Japon. »

L’apparition de ce roman fut un triomphe pour Monsieur, mais amena une telle recrudescence de visites de jeunes écrivains que mon maître à la fin ne put se tenir de s’en plaindre :

« Mais ils me fatiguent ! j’ai besoin de mes matinées pour travailler et, depuis quelque temps, vraiment ils sont trop ! Je ne les recevrai plus, désormais, que sur rendez-vous. Je ne demande pas mieux que de leur être utile ; mais le plus souvent, ce que je peux leur dire ne leur sert pas. Ainsi, voyez celui qui sort d’ici ; tous les bons conseils qu’on peut lui donner sont perdus, c’est un noceur. Jamais il ne pense à son affaire et il a la prétention d’arriver à être romancier ! C’est impossible, c’est impossible ! Vous comprenez, pour faire un roman, il faut y penser constamment, bien mettre chaque personnage à sa place, que tout soit bien réglé, quand on aborde les premières pages, sinon c’est toujours a remanier. Alors on s’embrouille et on ne peut plus en sortir. Ce n’est pas le travail d’un jour, même pour un littérateur expérimenté, à plus forte raison pour un débutant. »


Un jour un commissionnaire apporte pour M. de