Page:Tassé - Le chemin de fer canadien du Pacifique, 1872.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.
6
LE CHEMIN DE FER
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

question d’un chemin de fer à travers le territoire britannique. Son projet, dit M. A. Langel,[1] « est conçu de telle manière que le chemin de fer s’appuie partout sur des voies navigables, et que chaque partie forme un tronçon assez important en lui-même pour attirer l’émigration. Le chemin de fer dès aujourd’hui peut suivre et côtoyer en quelque sorte, jusqu’à trois cents lieues dans les terres, les grands lacs qui forment le plus magnifique réseau de navigation intérieure qu’on puisse trouver dans le monde. Le grand système des rivières qui descendent dans le lac Winnipeg et entrent dans la Baie d’Hudson, en formait la continuation naturelle. Ces voies, qu’on pourrait partout rendre navigables, ouvriraient le continent jusqu’au pied des Montagnes Rocheuses. Cet immense réseau de lacs et de rivières serait complété, du côté du Pacifique, par le système des rivières qui vont y verser leurs eaux, et dont les sources indiquent les passages les plus faciles de la grande chaîne centrale. À ces hautes latitudes le massif montagneux est tellement abaissé, qu’à l’époque des grandes crues, les eaux des deux bassins hydrographiques se rejoignent et se mêlent. Bien que le climat des contrées qui dominent le lac Supérieur soit très rigoureux, le capitaine Synge les représente comme parfaitement propres à la culture. La saison d’été y est courte, mais très chaude, les céréales et les fruits y arrivent rapidement à pleine maturité. Plus on avance du côté de l’Océan Pacifique, plus l’âpreté du climat s’efface et tous les voyageurs s’accordent à reconnaître qu’à l’Île Vancouver, il est extrêmement doux. »

Le major Carmichael Smith qui avait également demeuré dans le pays, est aussi l’un des premiers promoteurs de l’entreprise. Brochures, lettres aux hommes d’état anglais, communications à la presse, il mit tout en œuvre pour attirer l’attention publique sur cette question qui ne lui avait jamais encore été présentée sous un jour aussi lumineux. Ces écrits n’eurent pas d’effet pratique, mais ils firent du moins connaître un projet qui n’était pas encore mûr, et l’auteur réussit tellement à dégager cette idée de toute apparence d’utopie, que la plupart des journaux de Londres en parlèrent fort avantageusement.

En 1849, il publiait en faveur de ce chemin, une lettre adressée à M. Haliburton, l’un des hommes les plus remarquables de la Nouvelle Écosse, et le satirique auteur d’un ouvrage plein de sel : “The Clockmaker.” Le Major Smith était l’ami intime de M. Haliburton et de notre vétéran politique, l’hon. M. Howe, aujourd’hui secrétaire d’État pour les Provinces.

  1. Le chemin de fer du Pacifique. A. Langel. Revue des Deux Mondes. 1856