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LE CHEMIN DE FER
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dans l’agriculture, le commerce et l’industrie dont nous sommes témoins. Ils ont été encore nos meilleurs pionniers de la colonisation, et si la forêt s’éloigne aujourd’hui si promptement, nous pouvons en faire remonter la cause également à nos chemins de fer.

C’est ce que l’opinion publique éclairée a compris et le pays a fait les plus grands sacrifices pour encourager de pareilles entreprises et construire un véritable réseau de voies ferrées. Le gouvernement leur a accordé des subventions considérables en terres ou en argent et les municipalités ont suivi libéralement son exemple.

Nous croyons rester dans les strictes limites du vrai en affirmant que la Confédération a été surtout le point de départ des progrès créés par les chemins de fer. Quand bien même ce régime politique n’aurait produit que ce résultat, il suffirait presque pour donner raison aux hommes d’état qui ont contribué à son inauguration.

La Confédération portait dans ses flancs deux mesures extrêmement importantes pour le développement du pays : la construction du chemin de fer Intercolonial et du chemin du Pacifique. Ce sont deux nécessités du nouvel ordre de choses politiques et elles en sont la conséquence naturelle. Car, sans l’exécution de ces deux grandes artères de communication, les provinces fédérales restent sans rapports, sans cohésion, et leur union politique et commerciale n’est qu’un vain mot. Ces divers états continuent à se mouvoir isolément dans leurs orbites, éloignés de leur centre de gravitation. L’unité politique vers laquelle nous devons tendre, tout en maintenant nos franchises provinciales, devient irréalisable.

L’Intercolonial qui aura une longueur d’environ 560 milles, et dont on porte le coût à $20,000,000, sera terminé d’ici à deux ans. Cette route est indispensable à l’autonomie de la Confédération au point de vue commercial comme au point de vue militaire. Elle reliera les provinces maritimes au Canada, développera la colonisation sur presque tout son parcours, servira de débouché au commerce inter-provincial, en attendant qu’elle soit l’un des plus longs anneaux de la grande chaîne transcontinentale qui va joindre les deux océans. Dans un cas de guerre avec les États-Unis, elle serait en hiver la seule voie rapide de transport du côté de l’Atlantique pour les troupes anglaises qui viendraient au secours de nos foyers menacés. C’est le caractère militaire de cette route, qui a décidé le gouvernement anglais à garantir une partie de l’emprunt que nous avons contracté pour sa construction.

Quelle que soit l’importance de cette route, son éclat pâlit comme une étoile inférieure devant un météore lumineux, lorsqu’on la