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LE CHEMIN DE FER

La vallée de la Rivière Rouge est un des pays du monde qui produit le blé en plus grande abondance. Le professeur Hind, dans son rapport officiel, porte la moyenne du rendement à 40 minots l’acre, et il remarque qu’elle l’emporte sur les régions les plus favorisées des États-Unis, puisque le Minnesota ne produit que 20 minots l’acre en moyenne ; le Wisconsin, 14 minots ; le Massachusetts, 16 minots, et la Pennsylvanie, 15 minots.

M. Hind fait ici erreur. Malgré sa fertilité, le sol de la Rivière Rouge ne produit probablement pas en moyenne plus de 30 minots. Et nous appuyons notre assertion sur le rapport assermenté de plusieurs habitants de la Rivière Rouge, dont les témoignages furent recueillis par un comité nommé par le Sénat au mois d’avril 1870. D’autres personnes de Manitoba que nous avons eu l’occasion de consulter corroborent ce fait.

« Après le blé, » dit M. James W. Taylor, dans un rapport élaboré qu’il a adressé au gouvernement des États-Unis sur les relations commerciales entre cette contrée et l’Amérique Britannique du Nord Ouest, « toutes les autres céréales secondaires en importance se cultivent, mais dans un rayon de cinq dégrés plus étendu dans la vallée McKenzie jusqu’au cercle arctique. L’orge réussit dans les champs cultivés en blé précédemment ; les rendements en sont énormes et le poids du minot varie de 48 à 55 livres. L’avoine vient bien. Les pommes de terre se distinguent surtout par leur qualité et leur abondance.

« En 1856 la Colonie de la Rivière Rouge comptait 9 253 bêtes à cornes, et 2 799 chevaux, chiffres qui, dans un établissement de 6 523 âmes, font bien voir l’importance qu’on attache à l’élève du bétail. Les chevaux, l’été comme l’hiver paissent dans les bois, et restent toujours gras sans qu’il soit nécessaire de les enfermer ou de leur donner du foin. Les pâturages sans bornes qu’offrent les savanes herbeuses de la Rivière Rouge favorisent grandement l’élève des moutons. »

Comme les contrées les plus favorisées ont leur part d’inconvénient, la région de la Rivière Rouge laisserait peu à désirer, malgré les rigueurs de son climat, si elle n’était visitée à certaines époques par des légions de sauterelles qui ravagent les grains.

Un bateau-à-vapeur la met l’été en communication avec les États-Unis, qui lui fournissent en grande partie ses importations, et dans quelques mois un embranchement du Pacifique Nord américain la reliera au Minnesota et au réseau de voies ferrées des États Unis. Nos voisins qui savent apprécier l’importance de ses ressources, font tout en leur pouvoir pour accaparer à jamais