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tion d’environ 30,000,000 d’âmes. Son sol est moins fertile que celui de la Chine, mais les Japonais ont tellement d’industrie qu’ils lui font produire presque toutes les richesses de cette contrée. Leurs fabrications de belles étoffes, surtout de soie, de fer et de cuivre, ainsi que leurs ouvrages en bois, leurs vernis et leurs porcelaines sont renommés. Comme en Chine, on trouve au Japon beaucoup de mines d’or, d’argent, de fer et surtout du cuivre en abondance.

Le commerce oriental a toujours été d’une importance telle aux yeux des nations européennes que, depuis le 16e siècle, elles déploient les plus grands efforts pour se mettre en rapports plus étroits avec l’Asie et abréger la distance qui l’en sépare. Pendant longtemps les communications entre l’Orient et l’Occident étaient extrêmement lentes et difficiles. Le trajet se faisait par des vaisseaux qui étaient obligés d’aller doubler le Cap Horn ou le Cap de Bonne-Espérance, et n’arrivaient à destination qu’après plusieurs mois d’une pénible circumnavigation.

Cet immense parcours offrait mille inconvénients et, dès les premiers temps de la colonie française du Canada, on voit nos fameux explorateurs, entre autres le célèbre La Salle, à la recherche d’un passage dans l’Ouest pour se rendre en Chine. Christophe Colomb n’avait pas d’ailleurs d’autre objet en découvrant l’Amérique que de trouver le passage le plus court vers les richesses de l’Orient. Les Varenne de Laverendrye, des canadiens français, qui ont découvert les Montagnes Rocheuses, se sont rendus même tout près de l’Océan Pacifique, toujours à la poursuite de la même idée.

L’Angleterre a dépensé des millions de piastres pour trouver un passage au nord-ouest de l’Amérique pour ses vaisseaux qui se rendent en Asie. Elle avait en vue la découverte de ce passage lorsqu’elle accorda une charte à la Compagnie de la Baie d’Hudson. Aussi en 1769 et en 1776, cette association envoya à grands frais diverses expéditions au pôle nord. De 1840 à 1845 les expéditions arctiques organisées par l’Angleterre ne lui ont pas coûté moins de £1,000,000 sterling. Et parmi les victimes de ce chimérique projet, qui se sont englouties avec leurs navires dans les montagnes de glaces du nord, nul n’est plus célèbre que John Franklin, que ses explorations ont immortalisé.

Mais c’est depuis quelques années surtout que les grandes nations du monde se livrent à des efforts inouïs pour obtenir la suprématie du commerce asiatique, en établissant la route la plus courte pour communiquer avec l’Orient. De redoutables rivales sont entrées en lice, et l’Angleterre doit être sur l’éveil et agir conformément à ses meilleurs intérêts, si elle ne veut pas qu’elles lui enlèvent la palme et le titre de reine des mers.