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De tout temps, ce commerce a été une source de richesse pour les peuples qui l’ont tour-à-tour possédé, et c’est un fait remarquable à noter, que leur décadence commerciale date du jour où ce trafic est passé aux mains de nations rivales. L’histoire nous dit que la Phénicie, la Grèce, Carthage, Rome, Venise, Pise et Gènes ont joui d’une splendeur incomparable, mais que leur brillante prospérité a disparu du moment que leurs ports n’ont plus été encombrés par les richesses de l’Orient.

Le Portugal et la Hollande ont réussi successivement à obtenir la suprématie du commerce oriental, que la Grande Bretagne a fini par leur enlever. Celle-ci règne aujourd’hui sur des millions de sujets asiatiques et est la maîtresse des Indes Orientales, le plus beau joyau de la couronne britannique. La possession de ce pays est de la plus haute importance pour l’Angleterre qui, en 1860 seulement, en a tiré un revenu de £7,081,107. Et pour donner une idée des énormes avantages du commerce oriental pour l’Angleterre, il suffira de dire que son commerce d’importation et d’exportation avec l’Asie pour les quatre années finissant en 1864, s’est élevé à £378,587,122 sterling.

Après l’Angleterre, ce sont la Hollande, la France, l’Espagne et les peuples hanséatiques qui, parmi les nations de l’Europe, effectuent le plus de transactions avec le monde indo-chinois.

On comprend que les peuples européens se soient disputés avec acharnement ce vaste commerce, lorsqu’on sait que la Chine seule est habitée par environ 50,000,000 âmes. Longtemps ce pays s’est opposé à tout rapport avec le monde civilisé par la construction de ces fameuses murailles, qui devaient former une barrière infranchissable pour les peuples étrangers. Telle est sa richesse et la variété de ses productions que ses ressources suffisaient à tous ses besoins. Mais un meilleur esprit a prévalu ensuite parmi les habitants du Céleste Empire, et ils ont noué, depuis un certain nombre d’années, des relations commerciales avec l’Europe et l’Amérique, qui prennent de l’extension d’année en année.

Le sol de la Chine est d’une fertilité extraordinaire et produit toutes les plantes tropicales, le thé, le riz, le bambou, le coton, la canne à sucre, le poivre, le tabac, le bétel ; on y cultive aussi le palmier, le mûrier, le cocotier, le cèdre, l’érable, le cannelier, etc. Ce pays n’exporte pas moins de $40,000,000 de thé seulement par année. L’agriculture et l’industrie y sont très développées. Les Chinois fabriquent avec beaucoup d’art la porcelaine, les vernis, les papiers de soie et de tenture, l’encre de Chine, les soieries, les nankins et autres tissus.

Le Japon est moins étendu que la Chine et compte une popula-