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gouvernement. Cela eut l’effet de piquer leur émulation et de donner une impulsion énorme aux travaux. Les deux compagnies n’employèrent jamais moins chacune de vingt mille hommes. Durant les derniers jours des travaux on fit de part et d’autre de véritables tours de force. Chaque compagnie posa jusqu’à deux milles de rails par jour, puis trois, quatre et cinq. Le dernier jour on posa 10 milles en onze heures de temps. Les premiers jour 24 pieds de rails furent posés en 80 secondes, les seconds 240 pieds en 75. On ne va guère plus vite à pied lorsqu’on se promène sans se presser, dit un écrivain.

Il nous reste à répondre à une objection relative à l’exploitation du Pacifique. On a dit que cette entreprise colossale ne causera que des embarras financiers et ne paiera jamais l’intérêt sur le coût de construction de la route. Cette prétention est pour le moins hasardeuse en face des résultats étonnants produits par la ligne américaine. Les adversaires du Pacifique Central alléguaient la même chose et annonçaient, à grands sons de trompe, qu’il engloutirait un capital énorme sans bénéficier à ses actionnaires. Mais l’avenir s’est chargé de les démentir.

En 1870, la première année du fonctionnement de cette ligne, les recettes ont été de quatorze millions, et le revenu net a excédé les dépenses de $6,000,000. En d’autres termes, il a payé la première année 6 par cent sur le coût de construction, et on calcule qu’en 1871 les recettes brutes ont dû atteindre le chiffre énorme de $19,000,000, et que l’excédant net sur les dépenses a été d’environ $9,000,000.

Les actions de la compagnie sont déjà à une prime de trois par cent, et le succès a été complet au point de vue financier. Le chemin a non seulement fait la fortune des entrepreneurs qui ont réalisé des millions, mais il rénumère largement la nombreuse classe de ses actionnaires. C’est cet incomparable succès qui a déterminé les capitalistes américains à commencer de suite la construction d’une autre route du Pacifique au nord.

La ligne canadienne peut compter sur de nombreuses sources de revenu ; nous allons en énumérer quelques unes :

1o Le commerce asiatique dont nous aurons inévitablement notre bonne part.

2o Le transport des malles anglaises venant de l’Inde, de la Chine et du Japon, qui devront passer par la ligne la plus courte entre l’Europe et l’Asie. L’Angleterre paie pour ce service plus d’un demi million de louis sterling.

3o Les céréales de l’ouest qui seules encombreront les trains de fret et donneront un revenu énorme. Telle est l’importance de ce