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CANADIEN DU PACIFIQUE.
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ché, se sont fondées, et le sol a donné généreusement ses trésors. La solitude a été partout envahie par le mouvement du progrès.

Toute cette région de l’ouest a pris un essor dont nul ne peut prévoir les destinées. Telle a été la rapidité extraordinaire de son développement au moyen des chemins de fer, qu’avant longtemps elle commandera une influence souveraine aux États-Unis. La prépondérance politique, qui a été pendant tant d’années une pomme de discorde entre le nord et le sud, va lui appartenir en entier. Il n’y a qu’une voix pour le reconnaître.

L’Ouest, c’est l’avenir !

Dès 1818, Jefferson, l’un des fondateurs de la république américaine, écrivait à John Adams, à propos des états de l’ouest, alors en plein enfantement, ces paroles prophétiques : « Le temps n’est pas éloigné, quoique ni vous, ni moi, ne devions le voir, où nous n’aurons plus par rapport à eux qu’un rang secondaire. » Michel Chevalier, un publiciste français, disait en 1835 : « Avant peu l’Ouest aura la majorité au Congrès et gouvernera le nouveau monde. »

Il en sera de même de notre far west. Il ne faut pas être doué d’une grande prescience pour le prédire. Le jour n’est pas éloigné, où de véritables états seront taillés dans nos immenses plaines de l’ouest, où des millions d’habitants y vivront heureux et prospères, à l’ombre des institutions représentatives, où un réseau de chemins de fer reliera toute cette vaste contrée, où des vapeurs sillonneront les eaux profondes de ses fleuves et de ses lacs, où des villes populeuses surgiront sur les bords de ces grandes nappes d’eau, et seront comme Chicago et Milwaukee les entrepôts d’un énorme commerce de céréales.

Quel est le canadien, vraiment ami de son pays, qui n’appellerait pas ce jour de tous ses vœux ? Car, si aucune évolution politique ne vient déranger la marche de ses destinées, la confédération canadienne aura atteint alors un état de grandeur et de prospérité extraordinaire. Baignée par les deux océans, dotée de ressources naturelles inépuisables, habitée par des populations morales et vigoureusement trempées comme tous les peuples du nord, comptant plus de territoires que les États-Unis[1] eux-mêmes, elle

  1. Voici un état de l’étendue des plus grands pays du monde, qui prouve que nous sommes la deuxième nation la plus importante par le territoire :

    Russie 
    7 112 872 milles carrés
    Canada 
    3 347 045 miles ca
    Brésil 
    3 108 104 miles ca
    États-Unis 
    2 999 848 miles ca
    Colonies Australiennes 
    2 582 070 miles ca
    Turquie 
    1 817 048 miles ca