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LE CHEMIN DE FER

de 503 224 $ durant la même période. En 1867-68 le revenu fiscal était de 13 687 928 $, et en 1870-71 il s’est élevé à 19 335 560 $, soit une augmentation de 5 147 632 $ ; et le revenu a dépassé les dépenses de 3 712 429 $.

Nos finances se trouvent dans un état tellement satisfaisant que le gouvernement a aboli les droits sur le thé et sur le café qui sont importés d’autres pays que des États-Unis. C’est une perte pour le revenu d’environ un million de piastres.

Et en supposant que nos recettes n’augmenteraient pas, ce qu’il n’est pas rationnel de croire, vu la marche progressive du pays, notre excédant de revenu serait encore suffisant pour payer l’intérêt sur l’emprunt de 30 000 000 $, que nous allons contracter pour donner en subside au chemin du Pacifique.

L’intérêt de 30 000 000 $ à six par cent serait de 1 800 000 $ par année. Mais il y a tout lieu de croire que nous ne paierons pas plus de 4½ ou 5. Car une somme de 12 000 000 $ nous est garantie par le gouvernement britannique sur l’emprunt que nous allons faire. Et notre chancelier de l’échiquier, Sir Francis Hincks, est d’opinion que cette garantie nous épargnera environ 600 000 $ par an. Lors de l’emprunt que nous avons contracté pour la construction de l’Intercolonial, nous avons obtenu la partie qui était garantie par l’Angleterre à 4½ et le reste à cinq par cent.

Une somme de 30 000 000 $ à cinq par cent d’intérêt représente 1 500 000 $, et en supposant que le surplus des recettes soit dorénavant d’environ 2 000 000 $, il y aurait encore un excédant d’un demi million de piastres.

Ce subside de 30 000 000 $ ne sera pas d’ailleurs dépensé en une année, il sera payé aux entrepreneurs du chemin au prorata du progrès de la ligne. Comme la route devra être achevée d’ici à dix ans, c’est donc environ 3 000 000 $ par an qu’il nous faudra donner. On a adopté le système de l’emprunt pour prélever cette somme, et nous le croyons le meilleur dans les circonstances. Nous sommes d’avis que les gouvernements doivent assumer le moins possible la responsabilité de grever l’avenir, mais nous ne pouvons sans les plus fâcheux résultats différer cette entreprise, et il ne serait pas juste de faire retomber sur la génération actuelle tous les frais de cette œuvre colossale, qui doit surtout bénéficier aux générations futures.

Fait rassurant pour les contribuables, le parlement canadien a décidé que le Pacifique devrait se construire par des compagnies privées et sans que les impôts actuels ne soient augmentés. Voici à ce sujet la teneur de la résolution qui a été adoptée par la Chambre des Communes au mois d’avril 1871 :