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CANADIEN DU PACIFIQUE.

Après cet examen du coût de la ligne, nous croyons devoir aborder un autre sujet qui se rattache étroitement au succès de l’entreprise. Il est généralement admis que, de la subvention en argent et en terres octroyée par le Canada à la compagnie qui devra construire le Pacifique, dépend le succès de cette œuvre colossale. Et il importe de savoir si elle est suffisante ou non pour en assurer l’exécution.

Le subside alloué par le gouvernement canadien au Pacifique se compose d’une somme en argent de 30,000,000 $ et d’un octroi de terres de 50,000,000 d’acres. En calculant d’après une distance de 2 500 milles, on constate que la subvention en argent par mille est de 12,000 $ et en terres de 20,000 acres.

La subvention accordée par les États-Unis au Pacifique Central était de 50,000,000 $ en argent ou de près de 30,000 $ par mille, et d’environ 12,800 acres de terres par mille, ou un total de 16 millions d’acres. La subvention en argent était plus considérable que la nôtre, mais l’octroi de terres lui était fort inférieur. Cependant, nous ne devons pas oublier que le subside d’argent n’était tout simplement qu’un prêt énorme fait à la compagnie, lequel est remboursable et constitue encore la première hypothèque sur le chemin. Tandis que notre subvention est un bonus réel, ce qui facilitera considérablement les opérations de la compagnie, à laquelle l’entreprise sera confiée, sur le marché monétaire. Cette différence dans la nature du subside en argent est tout à l’avantage des entrepreneurs du chemin canadien, qui auront en même temps un octroi de terre dépassant de 34,000,000 d’acres celui qui a été accordé à la route américaine.

Notre subvention en terres a une plus grande importance qu’on ne le croit généralement. Le Pacifique Central a vendu ses terres en moyenne $4.46 l’acre et on ne saurait comparer leur fertilité avec celle de nos riches régions de l’ouest. Leur prix de revient a pourtant payé dans une grande mesure les frais de construction de la route. Nos terres se vendront probablement à ce taux, mais en supposant que leur valeur ne serait que de 2,00 $ l’acre, la compagnie obtiendrait par leur vente, la somme énorme de 100,000,000 $, qui seule suffirait pour bâtir le chemin. Et cette évaluation est pour le moins modérée lorsque l’on sait que les terres du Minnesota se vendent aujourd’hui de 10 $ à 14 $ l’acre et celles du Nebraska, que traverse le Pacifique Central, de 8 $ à 30 $. Beaucoup de personnes bien renseignées affirment même que leur valeur sera de 10 $ à 15 $ l’acre au moins, aussitôt que des voies de communication, qui attireront l’émigration étrangère, y seront ouvertes.