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LE CHEMIN DE FER

fureur entre le Colorado et Wyoming, d’une part, et le Kansas et le Nebraska, de l’autre. La voie a été interceptée pendant des semaines entières et le chemin de fer parti de San Francisco n’a atteint Chicago qu’après un pénible trajet de vingt jours. Ces tempêtes de neige éclatent fréquemment durant l’hiver, et l’entretien de la route sur une section aussi considérable, coûte une somme énorme par année.

Notre chemin n’aura pas à lutter heureusement contre de pareils obstacles, et nous n’avons pas raison de craindre que la neige tombe en assez grande quantité sur son parcours, pour nuire sérieusement à sa circulation. Une étude raisonnée nous démontre pleinement que les objections que l’on a formulées, à ce sujet, sont tout-à-fait dénuées de fondement.


III

coût de la ligne et son exploitation.


Quel sera le coût de notre chemin du Pacifique avec son parcours d’environ 2 500 milles ? Voilà une question aussi importante que pleine d’actualité et qui offre la plus grande latitude aux hypothèses et aux calculs. Car, les promoteurs et les adversaires d’une entreprise de ce genre sont naturellement enclins à tomber dans des exagérations contraires, et, en l’absence de beaucoup de données indispensables, on ne saurait prétendre d’arriver à une conclusion d’une exactitude mathématique.

S’il nous manque beaucoup d’informations pour établir nos calculs d’une manière indisputable, cependant nous avons assez de renseignements pour leur donner un caractère fort affirmatif. Ainsi, nous pouvons trouver des jalons précieux pour guider notre appréciation, en comparant le coût probable de notre ligne avec le chemin de fer américain du Pacifique, en tenant compte de la distance relative, des difficultés à vaincre et de la topographie du pays que les deux lignes ont à traverser, comme d’une foule d’autres circonstances, dont nous n’énumérerons que quelques-unes.

La question du coût probable de notre chemin a déjà été traitée par plusieurs hommes fort compétents et nous allons faire notre profit de leurs observations. En 1863, M. Sandford Fleeming publiait une étude sur « l’établissement d’une ligne de communication entre le Canada et la Colombie Anglaise, » et il calculait que la construction et l’équipement de 2 000 milles de chemin coûte-